clac clac clac, ça craquette au fond du jardin…
Oui, c'est bien toi... bienvenue ma belle
De ton craquettement tu nous as annoncé ton arrivé, et nous en sommes honorés,
Après tout, les hivers ne sont plus aussi rudes qu’avant et nos marais et rivières regorgent de nourriture. Alors, à quoi bon se lancer dans un long voyage, bien souvent dangereux et incertain ? A peu de choses près, c’est sans doute ce que doivent se dire ces quelques cigognes que l'on peut apercevoir cet hiver sur les toits de la cathédrale de la Sarre et de la Mairie. En effet, la population de ces oiseaux migrateurs, menacée de disparition il y a une trentaine d'années, se porte beaucoup mieux aujourd'hui et de nombreux couples se sédentarisent de plus en plus et décident de rester dans nos contrées en boudant l’Afrique à la fin de l’été.
Les cigognes ont la réputation d'être d'une fidélité à toute épreuve. Contrairement à ce que l'on pense, ce n'est cependant pas à son partenaire, mâle ou femelle, que cet oiseau est fidèle, mais plutôt à son nid. Durant toute la période de la reproduction, en effet, c'est cet élément qui tient pour le couple la place principale. Le mâle arrive généralement à la mi-février sur le nid qu'il a occupé l'année précédente ou sur un nid qui vient d'être construit et qu'il a pu s'approprier. Dès cet instant, il y reste jour et nuit et le défend contre les intrus – autres mâles ou couples. La vigilance s'impose, car toute absence prolongée peut être aussitôt sanctionnée par l'assaut d'un mâle concurrent. D'où les claquements de bec énergiques qui avertissent l'adversaire dès que celui-ci tente de s'approcher. Le propriétaire du nid prend alors des postures menaçantes : il pointe son bec vers l'intrus et les plumes de son cou se hérissent. Si toutes les manœuvres de dissuasion restent inefficaces, une sévère bagarre peut être déclenchée. Les oiseaux qui s'affrontent ainsi ne se battent pas symboliquement : ces combats sont souvent sanglants, parfois meurtriers, et ils peuvent durer plusieurs jours. Mais, si c'est une femelle qui se présente, l'accueil est tout autre. Plus de menaces : le craquètement du mâle n'est qu'une bruyante invitation aux fiançailles. Écartant les ailes, l'oiseau rejette sa tête en arrière au point que celle-ci vient toucher son dos, puis la ramène rapidement vers le bas. La femelle est très vite conquise, les accouplements commencent fréquemment le jour même, le plus souvent sur le nid.
Nous assistons ces jours-ci, derrière chez nous dans le périmètre du "Refuge de Constance" à un ballet incessant ; plusieurs cigognes se livrent à des compétitions, voir de violants combats. Mais le compagnon de Constance défend âprement son nid en attendant l'arrivé de la belle dès les premiers jours du mois de mars.
Pourquoi je l'ai baptisé Constance, pour sa force constante de ne pas se laisser abattre par les événements qu'elles a endurer, pour sa persévérance, sa fidélité et sa volonté persistante de fonder une famille sur le toit de la gendarmerie il y a quelques années.